Temps perdu?.page05
...Et il est déjà 14h08 ! "Merde ! Pourquoi est-ce que ça doit toujours se passer comme ça ?" Sa bulle venait brutalement d'éclater. "J'ai déjà de la difficulté avec le rythme de ces "speed-dating", il faut en plus que j'y coure pour m'y rendre". "Je ne la connais pas encore que déjà elle me fait suer..."
"C'est un signe" se dit-il. Il s'assit à une table d'une terrasse qui se dirigeait bizarrement vers lui depuis déjà quelques secondes. Il y poursuit sa réflexion.
Le premier souvenir de la naissance de cette relation encore foetale serait toujours entaché du fait qu'elle aurait avant tout interrompu un vertige intemporel d'une puissance enivrante. C'est-ce qu'on appelle un faut départ. Il en avait "flushé" pour moins que ça.
C'en était trop. Ne serait-ce que pour avoir brutalement interrompu cette réconfortante image, ce souvenir tendre et indélébile du Maroc, alors que Poireau se zignait à la cheville de son père, resté stoïque devant le regard perplexe de maman... Il fallait mettre un terme à cette relation avant qu'elle ne cause d'autres dégâts. Du "speed-flushing".
Clignements d'yeux. Encore. C'était maintenant une sensation de profond bien-être qui l'enveloppait. Le sentiment du travail bien fait. Du devoir accompli. Il avait vu juste. Il avait su éviter le pire. Une fois de plus, il n'y aurait pas de casses. Circulez m'sieurs-dames, y'a rien à voir.
De toutes façons, pourquoi courir ailleurs alors qu'il était simplement si bien juste ici, à ce moment même ? Un bien-être pourtant bien étrange... Une pensée, éclose entre deux lentes et profondes respirations. Comment expliquer cet influx aussi soudain qu'inattendu d'enivrantes endorphines ?
La réponse se matérialisa au moment où il sentit son regard irrésistiblement attiré vers sa droite. À la table voisine, le vent semblait s'enivrer du doux parfum d'une chevelure sauvage et dorée. Leurs regards se croisèrent... Foudroyé par son sourire, le temps s'arrêta de nouveau accompagné cette fois par sa respiration et par ses battements de coeur. Une seconde passa avant que son système nerveux central ne s'approprie de nouveau ses fonctions vitales. Une seconde qui le transformerait pour toujours. Il pourrait maintenant décrire le bonheur que tout être devait ressentir lors de sa naissance, au moment où l'air chatouillait pour la première fois chacune des cellules de son corps. Il venait de naître. Chacune de ses cellules riaient aux larmes. Il souri bêtement. Elle était désormais son oxygène.
Pourquoi courir ? Quand t'es ben, reste ben...
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