• Auteur : "Biblio"
  • Date : 17 juillet 2005 (30 avril 2010)
  • Licence : Art Libre link_license

Vaincre la peur du libre

A Framasoft, nous appelons souvent à utiliser des logiciels libres en lieu et place des logiciels propriétaires, quand l’alternative existe et qu’elle est qualitativement comparable. Le système d’exploitation n’étant finalement qu’un logiciel (presque) comme les autres, le but (in)avoué de la démarche reste de voir les internautes tenter la migration vers Linux.

Pourtant, tout n’est pas si simple, et il existe sans doute des blocages autres que techniques empêchant certaines personnes de franchir le pas. L’aspect psychologique et l’accompagnement lors de la migration sont des points à ne pas négliger, comme nous l’explique "Biblio". [1]

La migration des utilisateurs vers le logiciel libre n’est pas aussi simple qu’une installation. Bien que certains sites, tels Framasoft, la promeuvent d’une manière didactique, cette démarche souvent décrite comme initiatique reste anxiogène. Si l’on file la métaphore du peuple migrateur, on comprendra bien aisément les réticences du jeune poussin qui vient d’ouvrir les yeux sur le monde qui l’entoure. Comment convaincre les oisillons de faire le grand saut, comment dissiper dans leur esprit la peur, l’incertitude et le doute que provoquent une telle perte de repères ? Comment leur décrire à quoi ils doivent s’attendent sans nécessairement leur promettre des lendemains qui chantent ?

L’anxiété de la découverte

L’initiation à l’outil informatique est souvent une frustration : celle ne de pas connaître son fonctionnement, celle de déambuler dans un environnement qui ne nous est pas familier. L’ordinateur a son propre fonctionnement, tellement logique qu’il en est déroutant : il n’est pas intuitif comme nous pourrions l’être. Il nous paraît aujourd’hui évident de trouver le bouton enregistrer dans le menu fichier d’un traitement de texte, mais il n’en a pas toujours été ainsi. Combien de jours, de mois, voire même d’années avant que nous nous familiarisons avec l’outil informatique, et encore ! il ne s’agit que d’un environnement la plupart du temps : Windows, de la société Microsoft.

Faisons un parallèle entre l’ordinateur et la voiture. Lorsque l’on achète une voiture de tourisme, il nous faut un certain temps avant de se découvrir des repères : quelles sont ses réactions, ses faiblesses ? Comment puis-je faire ceci ou cela ? Les réponses à ces questions viennent avec le temps passé à la conduire. La découverte est déroutante certes, mais on s’y fait. Si l’on invite un ami à conduire notre voiture, et qu’il ne la connait pas, on constatera ses tatonnements et ses incertitudes telles que nous les avons connues.

L’importance de la relation humaine dans la migration

Imaginons maintenant que nous devions changer de voiture : nous serions à nouveau confrontés à une situation de découverte plutôt anxiogène, et ce, malgré les affirmations entendues ça et là sur la sécurité accrue de ce modèle, sa vélocité, sa puissance, etc. Cette situation est strictement identique dans le cas d’une migration informatique, aussi minime soit-elle. Faire découvrir Mozilla Firefox à quelqu’un qui n’a jamais connu qu’Internet Explorer risque dans un premier temps de le destabiliser : mais sa réaction finale sera grandement conditionnée par celui ou celle qui lui fait découvrir.

Un initiateur peu didactique et peu patient laissera à « l’aventurier malgré lui » un souvenir désagréable voire cuisant, et à l’inverse, un guide attentionné et délicat saura faire passer la pilule. Il en est de même pour l’amour et la sexualité : un(e) premier(ère) partenaire sensible, patient(e) et attentionné(e) sera le gage d’un souvenir bien meilleur que celui d’un(e) amant(e) bourru(e) et peu soucieux(euse) de l’autre. Le succès relatif, c’est-à-dire la réaction de l’aventurier, sera quant à lui déterminé par sa disposition à la découverte de l’inconnu. On voit ainsi que la réussite d’une migration réside dans la capacité du tandem à comprendre les attentes de l’un et de l’autre.

Aussi, une migration violente, aussi légitimée puisse t-elle être, sera à coup sûr un échec : les utilisateurs se sentiront perdus, seuls, laissés pour compte dans un environnement qui leur est étranger, et avec des éléments qu’ils ne maîtrisent pas. Ils prendront en horreur leurs nouveaux outils qu’ils ne comprennent pas, justement parce que personne n’a pris la peine de considérer leur situation. Ils font partie du décor alors que ce sont les acteurs principaux de la pièce. Une migration violente va à l’échec, parce qu’elle oublie le principal facteur de l’équation : le facteur humain.

Cette peur de la nouveauté, de la découverte, et de l’incertitude de la démarche à accomplir n’est pas propre à la migration informatique : la migration sur un autre territoire est tout aussi anxiogène pour les populations qui la réalisent. Quitter un environnement familier est toujours difficile, comme il est difficile d’emprunter un chemin qui nous est inconnu mais dont on nous dit qu’il est équivalent : aussi difficile soit l’environnement familier, notre esprit fait abstraction des obstacles et les contournent.

La nécessité d’une démarche éthique

Aussi, remettre en cause une évidence est une démarche difficile et délicate à effectuer : une démarche dialectique telle que le préconisait Socrate n’est pas toujours adaptée, car les rapports humains ne tolèrent pas nécessairement l’acceptation d’un rapport maître-élève. Nous sommes d’autant plus fiers des quelques connaissances que nous avons que nous serions peu enclins à les remettre en cause. Un utilisateur maîtrisant à peine son environnement Windows ne sera pas forcément prêt à s’entendre dire qu’il est imparfait, vu les efforts qu’il a fourni.

La migration nécessite un recul, aussi bien de ceux qui la proposent que de ceux dont on veut qu’ils l’effectuent. La remise en cause du vraisemblable doit être suggérée pour que l’utilisateur s’approprie la question selon sa méthode de raisonnement, et en fasse son propre questionnement. Si un utilisateur exaspéré demande ce qu’il peut faire contre les virus qui envahissent son système, il n’attend pas qu’on lui réponde, soit que c’est inhérent à son système, soit qu’un autre système ne présente pas un tel inconvénient. Il faut répondre honnêtement à la question posée.

Celui qui suggère la migration doit lui aussi se remettre en cause :

  • Quelle est la nature réelle de ma solution ?
  • En quoi serait-elle plus satisfaisante que la précédente ?
  • Mon choix est-il motivé par la situation du migrateur ?

Cette réflexion critique sur le sujet pensant est un préambule nécessaire à toute réflexion sur l’action, l’éthique. Ainsi disait Socrate : « Connais-toi toi-même. » Cela aura pour effet de clarifier ses pensées, de dégager des notions essentielles et intrinsèques aux raisons de la migration, et d’inscrire sa démarche dans une volonté d’honnêteté intellectuelle. Le migrant y sera sensible, et verra dans l’intention de l’incitateur à la migration le désir d’apporter une aide concrète à sa situation propre.

Extériorisation de la démarche épistémologique

L’utilisateur n’est pas un Candide « vêtu de candeur et lin blanc » : il est un sujet pensant, une conscience ouverte sur le monde qui l’entoure. Deux problèmes essentiels s’opposent à sa volonté de migrer : d’une part, l’incertitude liée à l’inconnu, telle que nous l’avons analysé précédemment ; et ce que l’on nomme présupposé en sociologie ou doxa en philosophie.

La doxa est l’ensemble des idées préconçues, des préjugés populaires qui forment le substrat de toute communication et a fortiori de toute réflexion, ensemble qui peut varier selon les utilisateurs. Il faut entendre par doxa les « on-dit » noyés dans les flots d’information que nous percevons et enregistrons inconsciemment. Imaginons qu’un utilisateur dépourvu de toutes connaissances sur les environnements de bureau effectue une recherche sur Google sur KDE et GNOME. Si la doxa, l’opinion communément admise, veut que la majorité des informations soient en défaveur de l’un ou de l’autre, l’utilisateur n’aura pas les outils nécessaires pour réaliser un examen critique : le vraisemblable triomphera du vrai.

Le rôle de l’incitateur à la migration est justement d’accompagner le migrant dans une démarche épistémologique : objectiver les connaissances dont il dispose, analyser sa méthode de raisonnement pour y déceler les failles, et tenter d’introduire une réflexion sur les moyens d’atteindre la vérité. Concrètement, il s’agira pour l’incitateur d’instaurer un dialogue avec le migrant sur les conceptions qu’il a du nouvel environnement proposé, de lui poser des questions sur des notions galvaudées, et de tenter de répondre en considérant sa situation :

— « Linux est-il plus difficile que Windows ?
— Non, Linux est à la fois différent et semblable à Windows : mais rassures-toi, les personnes qui l’ont conçu ont pensé à faire les choses simples pour que tu t’y retrouves et que tu le découvres progressivement. Et n’oublie pas que je suis à ta disposition pour t’aider dans ta migration.
 »

"Biblio"

[1] L’illustration est un détail d’une photographie d’Arbron, intitulée Transparent Laptop, sous licence Creative Commons BY et issue de Flickr.

Commentaires

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Vaincre la peur du libre , le 17 avril 2006 par Nico (1 rép.)

Qué blabla ! on dirait un des ces sempiternel discours quelque peu creux des psycho-machin-bidulo-socio-trucmuche-logues dont on ne sait plus que faire.

Tout ça pour dire que les gens ont du mal à changer d’habitudes et que celles-çi génèrent des préjugés (ah oui, on dit "doxa" !).

Ceci dit, ce n’est pas faux, juste que quatre lignes suffisent.

Vaincre la peur du libre , le 18 avril 2006 par jazzride

ça me saoule aussi ce blabla, génération "anxiété" parano, sécuritaire, restez hors de framasoft.

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> Vaincre la peur du libre , le 24 août 2005 par Sebastien (0 rép.)

Pas mal du tout ce fichier PDF. LaTeX est vraiment un outil fabuleux ;-)

Ce texte méritait vraiment une version « prête à imprimer » et à diffuser le plus largement possible ! C’est maintenant chose faite.

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> Vaincre la peur du libre , le 24 juillet 2005 par dodovolant (1 rép.)

ça a l’air simple comme ça, mais quand on discute avec tous ceux qui sont déja sous linux et qu’on les entend expliquer l’ensemble des manip qu’ils ont du faire pour retrouver toutes les fonctions que l’utilisateur lambda utilise sous windows (sons, photos, musique, scanner, imprimante, films, graveur CD.....) il y a quand même de quoi effaroucher l’utilisateur moyen..... on va surement dans le bon sens, mais c’est pas demain que je conseillerai linux à tous mes amis ’débutants’

> Vaincre la peur du libre , le 1er décembre 2005 par Jean-Marie

Pour se rapprocher des habitudes des utilisateurs de windows, Xandos a développé une interface qui rend la passage à linux pratiquement transparent. Je vous suggère de l’évaluer et de donner vos commentaires.

-----> Vaincre la peur du libre avec Xandros

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> Vaincre la peur du libre , le 20 juillet 2005 par NoooZ (0 rép.)

Comme il a déjà été dit, dans la première partie de l’article le langage fort métaphorique de notre ami François [*] (le poussin, la voiture, la première fois avec un partenaire) facilite la lecture, et ça passe tout seul. Autant, par la suite le langage devient très précis, et donc, par nature, sensiblement complexe (non pas forcément compliqué).

La complexité apparente de la seconde partie est peut-être un brin superflu, et on se dit que, peut-être, la reflexion de l’auteur aurait pu passer sans reprendre des définitions de racines grecs.

Si, par un hasard malheureux (mais vraiment), un novice à la triste idée de mettre en corrélation la "communauté" linux avec l’auteur de ce texte, alors il est posssible qu’il se décourage de lui-même en pensant que décidément, il faut sacrément se pousser le cerveau pour comprendre même les choses en apparence simple, vindiou. (mais c’est pas forcément désagréable hein, de redoubler d’attention et de reflexion, nous qui sommes tous plus ou moins adepte de la tétracapilectomie).

Après toute ces méchancetés gratuites, je peux tout de même dire que ce texte aurait bien le mérite de porter le nom de "tutoriel du parfait petit passeur au monde libre".

Je te félicite, François, pour la qualité de ce texte (pour moi, c’est juste un affaire de forme, qui coince, mais mon avis, hein..) et l’investissement pour ce site de très haute valeur ajouté. J’espère te lire plus souvent.

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De la satisfaction propédeutique au désarroi langagier... , le 19 juillet 2005 (0 rép.)

Pour commencer, je voudrais dire que j’ai trouvé cet article intéressant. Car même s’il enfonce surtout des portes grandes ouvertes (en tout cas, il ne liste que des observations que nous avons toutes faites dans nos expériences de tentatives de migration), ce document a pour avantage de tout réunir et de servir ainsi de référence aux apprentis migrateurs qui voudraient pousser des amis dans les vertiges du libre.

Toutefois (s’aurait trop facile de s’en tirer comme-ça), la lecture de ce document m’a donné satisfaction, au début seulement. Car ensuite il m’a laissé une étrange sensation de déjà lu. Celle de la vacuité de certains ouvrages pédago-pédagogiques qui traînent dans les IUFM...

Dommage !

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> Vaincre la peur du libre , le 19 juillet 2005 par knackko (2 rép.)

c’est marrant de mettre un screenshot avec un ordi sous mac os X pour illustrer la peur du libre :)

> Vaincre la peur du libre , le 20 juillet 2005 par NoooZ

Justement c’est bien pensé : à travers un système d’exploitation lambda (ou presque ;) on devine l’environnement linux (du moins l’image suggère que sous la mascotte Tux, tourne un linux). Donc, d’un OS A on découvre un OS B, -> migration.

tsss ’faut tout expliquer.

> Vaincre la peur du libre , le 21 juillet 2005 par NoooZ

Honte sur moi : ce que j’ai pris pour un pc portable fermé est apparemment un scanner. La faute à l’heure tardive quand j’avais écrit le message et à mon regard négligeant sur la photo ;)

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> Vaincre la peur du libre : les LiveCD , le 18 juillet 2005 (1 rép.)

Bonjour.

Afin de faciliter la migration vers GNU/Linux, je vous encourrage à utiliser et à préter des LiveMedium (LiveCd, LiveDVD, LiveCléUSB...).

C’est très facile de s’entrainer dessus, et de vérifier que tous les drivers indispensables sont fournis.

> Vaincre la peur du libre : les LiveCD , le 19 juillet 2005 par Jojo de marseille

Comme ecrit precedemment :

je vous encourage à utiliser et à préter des LiveMedium (LiveCd, LiveDVD, LiveCléUSB...).

Je suis d accord avec cette approche, c est ce que je viens de faire en laissant 16 CD de FREEDUC-CD un Cd-Live destine a l education. http://ofset.sourceforge.net/freeduc/book/book.html

Je viens d en donner 10 pour son ecole primaire et 6 pour le centre aere ou je l ai inscrit (juste avant les vacances ca tombe bien ! ) . Le but de la manoeuvre etant que les profs et educateurs puis les enfants par la suite essaient un systeme Linux (en plus a moindre frais et contribue a l avancee des logiciels libres) Qu est ce que ca m a coute : une boite de 25 CD vierges a 5 euros, un peu de temps.

Petit truc en plus sur chaque CD j ai inscrit l adresse internet de framasoft et de Freeduc-cd

PS : aujourd hui je viens de passer a Ubuntu et c est vraiment genial, mais il m a fallu 6 mois d essai de distros,( Kaella, Mandrake, Freeduc,Damn small linux, geexbox, Kubuntu, Ubuntu Live cd) et beaucoup de lecture de forums dont framasoft avant de faire le grand saut.

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> Vaincre la peur du libre , le 18 juillet 2005 (2 rép.)

CETTE ARTICLE POURAI T IL ETRE DISPONIBLE EN PDF OU SWX ?

> Vaincre la peur du libre , le 19 juillet 2005 par irimi

C’est en licence CC-BY, on peut donc le faire soi-même. Je vais en faire un PDF dès que j’ai le temps.

> Vaincre la peur du libre , le 30 juillet 2005 par RNB

C’est en licence CC-BY, on peut donc le faire soi-même. Je vais en faire un PDF dès que j’ai le temps.

NON !

Cet article n’est pas diffusé sous licence CC By mais sous Licence Art libre, comme précisé dans l’en-tête de l’article.

Cela ne vous interdit pas d’en faire un PDF, mais il faut être rigoureux et respecter la licence de diffusion choisie par l’auteur.

Merci.

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> Vaincre la peur du libre , le 18 juillet 2005 par jules (0 rép.)

Cet article bien fait et pédagogique m’inspire une réflexion analogue en matière économique.

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Même Etienne Chouard n’est pas épargné ! , le 17 juillet 2005 par Francis P. (2 rép.)

Si j’en juge son intervention dans les forums de Framasoft.

Article fort intéressant au demeurant :-)

— Bonjour docteur Lacan
— Bonjour
— Je n’arrive pas à migrer, que faire...

(Pour rappel : Etienne Chouard etait l’une des stars du mouvement du non sur la Toile au récent référendum sur la Constitution, un Don Quichotte du non comme le dit Le Monde)

> Même Etienne Chouard n’est pas épargné ! , le 17 juillet 2005

ça y est, etienne chouard élevé au rang de doxa ! merci du rappel, il met en valeur l’analyse.

> Même Etienne Chouard n’est pas épargné ! , le 19 juillet 2005 par jmfayard

Hé hé, à lire le message de M. Chouard, je me suis malicieusement dit qu’il y a une certaine cohérence
- à pourfendre la "concurrence libre et non faussée (cf la définition) " d’un côté et contribuer à renforcer le status-quo du monopole de Microsoft soit par action (enseignement très orienté Microsoft) soit par omission (Quid de la lutte contre les brevets de cet illustre prof d’info ? )
- se défier de l’europe d’un côté, et tout attendre de l’État de l’autre même quand il y a des solutions évidentes qu’on peut mettre en oeuvre nous meme. Il suffit d’un peu de curiosite et d’une nuance de courage. (Je fais référence à sa phrase d’esquive : « on devrait surtout réfléchir aux contraintes de service public que les États pourraient imposer à M$ pour réduire sa force ou pour la canaliser vers l’intérêt général. » )

Tapez pas, je plaisante. Aiiieee....

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