Won't Get Fooled Again

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Won't Get Fooled Again

Single de The Who
extrait de l'album Who's Next
Face A Won't Get Fooled Again
Face B I Don't Even Know Myself
Sortie juin 1971
Enregistré Studios Olympic en
Durée 8:32
Genre Rock
Format 45 tours
Auteur Pete Townshend
Producteur The Who
Glyn Johns
Label Decca (USA)
Polydor (RU)

Singles de The Who

Pistes de Who's Next

Won't Get Fooled Again est une chanson du groupe de rock britannique The Who écrite par Pete Townshend. Elle apparaît comme dernière piste sur l'album Who's Next sorti en 1971, et sur diverses compilations. C'est un de leurs titres les plus célèbres et célébrés.

Il évoque la Révolution de manière désabusée, puisqu'à la fin des combats de rue et du renversement du pouvoir en place, le chef est pareil à celui qui l'a précédé. Elle est ponctuée à la fin par un solo de batterie de Keith Moon conclu par un puissant cri poussé par Roger Daltrey qui fait partie des grands moments de l'histoire du rock.

En 2003, elle est classée par Rolling Stone magazine au 133e rang parmi les 500 meilleures chansons de tous les temps[1].

Analyse des paroles[modifier | modifier le code]

Won't Get Fooled Again, dont le titre signifie en anglais « On ne se fera plus avoir », est une vision très désabusée d'une révolution selon Pete Townshend.

Le soulèvement commence dès la première ligne : « We'll be fighting in the Streets / With our children at our feet / And the morals that They worship will be gone » (« Nous lutterons dans la rue, nos enfants à nos pied, et la morale qu'ils vénèrent aura disparu »), et se conclut par le renversement des puissants, non sans violence. Le narrateur salue la révolution dans le refrain : : « I'll tip my hat to the new constitution / Take a bow for the new revolution / Smile and grin at the change all around / Pick up my guitar and play /Just like yesterday / Then I'll get on my knees and pray / We don't get fooled again » (« Je tirerai mon chapeau devant la nouvelle constitution, je saluerai la nouvelle révolution, je sourirai face au changement tout autour, je prendrai ma guitare et je jouerai, exactement comme hier, puis je me mettrai à genoux pour prier : Nous ne nous laisserons plus duper ! »),

Mais finalement, la révolution s'achève, et rien n'a changé : « And the world looks just the same / And history ain't changed » (« Et le monde semble toujours pareil / Et l'histoire n'a pas changé »). Le nouveau régime mis en place n'est en rien différent de celui qui est tombé, comme l'indiquent les derniers vers des paroles : « Meet the new boss / Same as the old boss » (« Rencontrez le nouveau patron / Pareil à l'ancien patron »).

Ce regard désenchanté porté sur les révolutions a valu à Won't Get Fooled Again d'être désignée, en , la « chanson la plus conservatrice de l'histoire du rock » par le journaliste politique John J. Miller, dans un article pour le magazine conservateur National Review. Il déclare qu'elle ferait un excellent hymne pour tous « les révolutionnaires désabusés », et qu'il s'agit d'une chanson « qui chasse une bonne fois pour toutes tout idéalisme naïf ». Dans ce classement hautement spéculatif à vocation humoristique figurent également Taxman des Beatles, Rock the Casbah des Clash et Sympathy for the Devil des Rolling Stones[2].

Cependant, bien que diverses interprétations des paroles aient été données, Pete Townshend lui-même nie les affiliations politiques prêtées parfois au morceau et expliquait sur son blog en que « cette chanson était censée faire savoir aux hommes politiques, et aux révolutionnaires de même, que ce qui réside au centre de [sa] vie n'était pas à vendre et ne pouvait pas être instrumentalisé au nom de n'importe quelle cause. » (« The song was meant to let politicians and revolutionaries alike know that what lay in the centre of my life was not for sale, and could not be co-opted into any obvious cause. »[3]). Il finit par dire que le morceau n'est qu'une prière (« What is there is a prayer. »[3]). Les paroles invitent les acteurs politiques à ne pas instrumentaliser la vie de chacun, mais ce sont ces mêmes paroles qui l'ont été.

Au sein du projet abandonné Lifehouse, cette chanson avait une place bien particulière. Elle était chantée par Bobby, le compositeur subversif, dénonçant l'hypocrisie de Jumbo, son principal opposant[4].

Composition[modifier | modifier le code]

Cette chanson est l'une des plus complexes des Who. Ce qui est frappant dans cette chanson, encore plus que dans Baba O'Riley, c'est la collision entre le son expérimental tiré du synthétiseur (un orgue Lowrey Berkshire TBO-1 joué à travers un synthétiseur VCS3[4]) par Pete Townshend et le hard rock brutal pratiqué par le groupe. La chanson débute par un accord simple suivi d'une séquence tournoyante de synthétiseur, créant un effet de bourdon se poursuivant tout au long de la chanson. Suivent les couplets et les refrains ; la ligne de basse de John Entwistle fait preuve de sa virtuosité habituelle, la partie de batterie de Keith Moon est comme toujours excentrique et surprenante. Townshend harmonise différentes pistes de guitares acoustiques et électriques afin de créer un son d'une rare profondeur. En plus des couplets et des refrains, on distingue plusieurs breaks, des ponts, avec quelques changements de tonalité, caractéristiques de l'écriture de Townshend à l'époque. Les solos sont rapides et vifs, mais ne font pas preuve d'une technique insurpassable. Après un dernier solo, survient le célèbre break de synthétiseurs ; le groupe se tait, laissant la séquence tournoyante s'approprier l'espace sonore. Puis, tout à coup, Keith Moon entame une série de roulements sur ses toms, et Roger Daltrey pousse un puissant cri. Ce passage est considéré par beaucoup comme un très grand moment du rock. La chanson se termine en une coda survoltée.

Reprises[modifier | modifier le code]

  • Richie Havens dans une version acoustique sur son album Nobody Left To Crown.
  • Van Halen, avec le chanteur Sammy Hagar, la reprenait fréquemment lors de concerts. Une version figure sur leur double album live Right here, right now.
  • Louis Bertignac en 2018 l'adapte en français sous le nom de Ma gueule dans l'album Origines. Il reprend la chanson en version originale fin mars 2011 dans Taratata sur France 2.
  • Pete Townshend en présente une version longue très différente sur l'album Pete Townshend - Live at the House of Blues - Chicago, a Benefit For Maryville Academy, en 1999. L'harmonica de Peter Hope-Evans y remplace le synthétiseur et Jody Linscott est aux percussions.
  • Murray Head propose aussi une version aux accents orientaux sur l'album My Back Pages sorti en 2012.

Autour de la chanson[modifier | modifier le code]

  • La chanson a été interdite en Corée du Sud, jusqu'à l'apparition de la démocratie au début des années 1990.
  • Le générique de la série télévisée Les Experts : Miami est une version très abrégée de Won't Get Fooled Again. Ce générique est devenu très populaire sur Internet, surtout chez le vidéaste Antoine Daniel, dans ses vidéos intitulés What The Cut !?, après avoir fait intentionnellement un mauvais jeu de mots (comme le fait usuellement le personnage de Horatio Caine en mettant ses lunettes de soleil dans la série juste avant que le générique ne démarre)[5].
  • Won't Get Fooled Again est interprétée par les personnages animés des Who dans un épisode de la série Les Simpson (La bataille des deux Springfield).
  • « Weird Al » Yankovic a parodié Won't Get Fooled Again sous le titre Won't Eat Prunes Again.
  • Dans les années 1970, le morceau a servi de générique à la première émission consacrée au rock sur Antenne 2, appelée Jukebox et animée par Freddy Hausser.

Liens externes et sources[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]