C'était il y a cinq ans... Jean Charest, nouveau premier ministre, y allait de son premier message inaugural à l'Assemblée nationale.

Pour lui, il était intolérable que le niveau de vie des Québécois soit au 52e rang sur les 60 États ou provinces de l'Amérique du Nord.

«C'est le prix payé pour des gouvernements qui ont manqué à leur devoir, à leur devoir de réviser périodiquement leurs façons de faire», soutenait-il, solennel.

Le programme électoral du PLQ, publié à l'automne 2002, promettait déjà de «hisser le Québec dans la première moitié des 60 États et provinces du nord du continent où le niveau de vie est le plus élevé d'ici 10 ans». «Il n'est pas acceptable que le niveau de vie des Québécois les place au 52e rang », martelait le document qui promettait de «Réinventer le Québec».

Cinq ans plus tard, le Québec est... au 53e rang, selon une étude récente de l'Institut économique de Montréal. Une autre étude sur l'investissement, publiée le printemps dernier par le gouvernement du Québec, le reléguait même au 55e rang, selon les données de 2006 !

M. Charest avait aussi promis des réductions d'impôts de 27 %, de 1 milliard par année. Or les contribuables n'y ont goûté qu'une fois, quand Québec a décidé de consacrer aux baisses d'impôts la totalité d'un transfert inattendu de 900 millions qu'il venait de recevoir d'Ottawa, au printemps 2007.

Pas de déficit... pour l'instant

Samedi, entouré de ses principaux lieutenants, le chef libéral Jean Charest dévoilera le cadre financier de ses engagements de campagne. Il n'y aura pas de déficit pour 2009-2010, pas davantage de hausses d'impôts et de tarifs, promettra M. Charest.

Beaucoup des engagements viennent, il faut le rappeler, du programme d'infrastructure cofinancé avec Ottawa et les municipalités - des investissements immobiliers destinés au service de la dette. Entre 2003 et 2008, la dette totale est passée de 111 à 125 milliards.

Québec, donc, s'en tirerait sans déficit, alors que le gouvernement Harper par la voix du directeur parlementaire au budget, Kevin Page, vient d'annoncer que le déficit fédéral sera de 3,9 milliards pour 2009-2010.

Pourtant, des actuaires montrent déjà du doigt les endroits où les équilibres du gouvernement seront directement touchés par la crise financière. Les grands déposants de la Caisse de dépôt, la Régie des rentes ou la Société de l'assurance automobile, verront leurs réserves réduites par la baisse des marchés. Mais on plaidera que des mécanismes existent pour lisser sur plusieurs années les fluctuations.

Cela risque d'être différent pour le Fonds d'amortissement des régimes de retraite, où Québec a placé à la Caisse de dépôt 32 milliards pour capitaliser une dette de 67 milliards qu'a le gouvernement envers les régimes de retraite de ses employés. Avec une baisse bien optimiste de 25 % de la valeur du placement, cela forcera Québec à éponger 8 milliards de pertes sur 10 ans - un autre tour de vis sur une marge de manoeuvre déjà étirée au maximum par les promesses électorales de la dernière campagne.

D'autres promesses oubliées

D'autres engagements semés par le gouvernement Charest laissent songeur. Avant d'être élus en 2003, les libéraux promettaient de «ramener le fardeau fiscal des Québécois au niveau de la moyenne canadienne en cinq ans».

En juin dernier, l'Institut Fraser constatait que «le Québec est l'une des trois dernières provinces canadiennes à atteindre la journée d'affranchissement de l'impôt». Seuls les Terre-Neuviens et les contribuables de la Saskatchewan ont plus longtemps à travailler pour payer leurs impôts. Pire encore, si on exclut les redevances sur les ressources naturelles, le Québec finit dernier, 10e sur 10 provinces. «Le fardeau fiscal des Québécois est parmi les plus lourds au Canada», tranchait l'Institut Fraser.

En 2005, dans l'Avantage québécois, le gouvernement promettait que le revenu personnel augmente plus rapidement au Québec qu'ailleurs au pays. Pauline Marois relevait mardi que le Québec affichait une croissance de 17 % à ce chapitre, tandis que la moyenne canadienne était de 20 %. Le Québec est désormais la 9e des 10 provinces.

Dans le même document, lancé par Claude Béchard quand il était responsable du Développement économique, on promettait de porter à 3 % du PIB les dépenses en recherche et développement. Or ces dépenses sont actuellement à 1,63 % du PIB, un peu moins que le niveau de 1,72 % au moment où les libéraux sont arrivés au pouvoir.

D'autres chiffres évocateurs. De 2003 à 2008, la croissance moyenne du PIB au Québec aura été de 1,9 %. Elle était de 2,6 % au Canada. Le Québec est, sous cet angle la 8e des 10 provinces.

Il y a cinq ans, le Québec obtenait 15,6 % des investissements privés non résidentiels au Canada. Cette année ce sera 13,3 %.