BuRrik-art

Portrait de El Capitan

Salut à vous hippopoistes,
je me remets au service de la culture, et décide aujourdhui même d'émettre un billet par semaine, histoire de ne pas sombrer dans le nihilisme et tout simplement d'entretenir ma soif de connaissance et mon sens critique... que de belles paroles..

Salut a tous Ron mueck est un artiste australien, qui débuta sa carrière en tant que marionnettiste dans son pays d'origine, ça n'est qu'en 1996 qu'il entrera dans l'univers artistique grâce au collectionneur d'art: Charles Saatchi, stupéfait devant le réalisme de la statut de pinocchio. Depuis ce jour Ron Mueck s'est installé à Londres où il continue à créer ses oeuvres sculpturales sur la lignée des hyperréalistes des années soixante.

Nous nous questionnerons sur le style de l'artiste qui 50 ans après réussit encore à nous surprendre dans notre rapport au corps.

 


 

Comme on le constate dans l'hyperréalisme, R.Mueck s'inspire dans sa démarche du réalisme de la photographie. Nous l'observons dans les positions, les gestes de ses personnages en trois dimensions. Cependant les oeuvres ne se rapportent pas à la représentation d'une photographie, qui aplatit la profondeur de champs, mais bien à la reproduction du corps dans tout ce qu' il a de plus réel. C'est comme-ci il transcendait de par la matière et le volume, les représentations réalistes en deux dimensions.

Les sculptures s'adonnent à respecter les proportions et les dimensions du corps, l'ivresse et les ravages du temps. L' illusion est stupéfiante si ce n'est irréelle, Ron Mueck réussit à manier le trompe l'oeil à la perfection, les personnages s'imposent à nous comme nos semblables jusque dans la texture de la peau en silicone, et du réalisme de la pilosité...

Comme les sculptures hyperréalistes de John De Andrea et Duane Hanson, le corps de ses sujets est figé, il s'en écarte cependant puisque contrairement à eux ses oeuvres n'ont pas la prétention de critiquer quoique ce soit, ni de mettre en évidence l'absence de l'individu dans un contexte social, il tente plutôt de faire ressortir de ses personnages, l'individu dans toute son humanité, dans son rapport au réel, dans ses questionnements vis-à-vis de l'existence. Le corps est figé dans un état psychique et émotionnel fragile, il nous renvoie à notre propre vulnérabilité, à notre imperfection, à des moments précis de l'existence où le temps n'a plus d'emprise, et où celui-ci reste le seul à imposer son empreinte.

Nous retrouvons les traces de l'appareil photographique dans sa démarche à travers la coïncidence flagrante de sa pratique et de l'action de zoomer: toutes deux tentent de saisir et de cibler au premier plan le sujet qui attire son attention.

Ron Mueck se distingue réellement de ses confrères hyperréalistes par la taille de ses oeuvres.

En effet celui-ci n'hésite pas à modifier l'échelle de ses personnages, jusqu'à la dénigrer complètement: «On voit des gens de tailles humaines tous les jours».

Ce rapport de taille crée en nous un malaise, car même si nous ressentons la présence de ses personnages humanoïdes nous n'arrivons pas à nous identifier complètement à eux, l'acte de distanciation est suggéré mais quand même présent.

Leur regard vague et leur échelle nous troublent puis nous questionnent, ils interagissent avec nous sans le moindre mouvement, ils nous pénètrent de manière transcendantale, et aimantent notre regard, plus nous nous rapprochons d'eux, plus l'idée de savoir si ils sont vivants ou morts, réels ou imaginaires nous prend au coeur, le réalisme de leur chaire et de leur expression pourrait nous faire croire n'importe quoi.

Nous achèverons notre analyse sur le style de Ron Mueck en parlant du rapport que ses oeuvres entretiennent avec le spectateur. Contrairement aux autres sculptures contemporaines , celles-ci font perdre la notion du temps et l'aspect consommable auquel nous sommes habitués dans notre univers médiatique, il se crée une véritable affinité entre les deux êtres l'un vivant et l'autre fictif. L'entre-deux des oeuvres crée une tension que le spectateur ressent, un lien se tisse, et le voile du trouble s'évapore lentement au fur et à mesure que le temps passe.

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